VIDÉO - Thalassothermie : comment Marseille se chauffe à l'eau de mer

Publié le 11 juin 2023 à 22h00, mis à jour le 12 juin 2023 à 9h38

Source : JT 20h WE

rEn France, certaines communes misent, ces dernières années, sur une énergie surprenante pour leur alimentation en énergie : l'eau de mer.
Un processus, appelé thalassothermie, qui permet de chauffer et de climatiser un commerce ou un logement.
Une équipe de TF1 s'est rendue à Marseille, où est implantée l'une des plus grandes usines de thalassothermie d'Europe.

Et si le meilleur système de climatisation et de chauffage était en réalité l'eau de mer ? Depuis quelques années, des villes du littoral français développent de nouvelles sources d'énergies, et notamment la thalassothermie. C'est le cas de Marseille (Bouches-du-Rhône) qui a déjà raccordé une trentaine d'immeubles à une centrale dédiée à cette solution, et projette de multiplier ces raccordements. 

Il faut dire que la cité phocéenne détient sur son port l'une des plus grandes usines de thalassothermie d'Europe. Son fonctionnement est simple : "On prend l'eau à sept mètres de profondeur, et cette eau de mer va rentrer dans la centrale", explique dans le reportage du 20H de TF1 ci-dessus Patrick Berardy, directeur de la centrale "Thassalia", qui dépend d'Engie.  

Dix fois moins polluante que le chauffage au gaz

Le système fonctionne comme une pompe à chaleur qui récupère l'énergie présente dans l'air, mais sous la Méditerranée. L’eau de mer captée est propulsée dans un échangeur thermique qui permet de transférer ses calories vers une boucle d’eau douce, sans les mélanger. L’eau de mer est ensuite rejetée non polluée en milieu naturel. L'eau douce, elle, est reliée à des pompes à chaleur réversibles qui vont pouvoir décupler leurs températures. Résultat : de l'eau froide à 5°C et de l'eau chaude à 60°C sont envoyées vers la ville pour chauffer ou climatiser des bâtiments. 

La thalassothermie serait dix fois moins polluante que du chauffage au gaz et deux fois plus performante qu'une pompe à chaleur classique. "C'est plus rentable car la température de l'eau est beaucoup plus stable par rapport à de l'air qui varie de 0 à 30°C, l'eau de mer va passer de 12 à 20/25°C. Donc forcément au niveau de l'efficacité énergétique, c'est beaucoup plus rentable", détaille Mickael Bablée, responsable de site chez Engie Solution. 

Une solution d'avenir face au changement climatique ?

Un centre commercial de 90.000 mètres carrés à Marseille qui utilise la technologie depuis 5 ans, affirme ainsi avoir réduit de "80% [ses] émissions de CO2", en remplaçant tout d'abord ses climatiseurs néfastes pour l'environnement - car nécessitant de rejeter de l'air chaud dans l'atmosphère - mais aussi en "supprimant toutes [ses] chaudières au gaz". "On utilise plus cette énergie fossile et on utilise beaucoup moins d'électricité qu'avant pour fabriquer ce chaud et ce froid", se félicite Marie Canton, directrice du centre commercial Les terrasses du port. Pour les particuliers, le système est également intéressant : il peut permettre de réaliser jusqu'à 30% d'économies sur sa facture d'électricité chaque trimestre.

En France, une dizaine de villes seulement utilise la thalassothermie. Il faut dire que la technologie est difficile à mettre en œuvre et ne peut s'avérer rentable et respectueuse de l'environnement que dans des localités proches du littoral. Mais sur les côtes françaises, les experts appellent à développer cette solution, car nos besoins en froid vont fortement augmenter dans les années à venir en raison du changement climatique dû aux activités humaines. Pour inciter le développement de cette technique, l'État et les collectivités financent jusqu'à la moitié des investissements pour installer une usine de thalassothermie.


Annick BERGER

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